Bon HumHum m'avait conseillé de poster des photos de ce couteau il y a quelque temps mais je lui avait répondu que je préférais attendre qu'il soit vendu pour ne pas qu'il me soit reproché que j'essayais de le vendre sur le forum.
C'est chose faite. Je poste donc tout le cheminement nécessaire à sa réalisation puis un test réalisé en forêt.
Couteau de camp :
390mm de longueur, lame de 255mm, forgé en acier xc75, 6mm d’épaisseur environ pour la soie jusqu’au ricasso. Dégressif à 5mm dans les premiers centimètres devant la garde, trempe sélective. Poids 494gr.
Manche en cuir et andouiller de cerf. Garde en vieux fer.
Réalisation :
-forge de la lame et de sa soie à la forge à gaz à partir d’une barre d’acier XC75 de coutellerie
- trois normalisations pour affiner le grain de l’acier : chauffe jusqu’à température de trempe (rouge cerise.800°) à la forge puis trempage d’une seconde dans l’huile chaude (60°) et refroidissement de la lame en la balançant à l’air jusqu’au retour au noir.
-Recuit d’adoucissement d’une nuit en plaçant la lame dans la forge lors de son refroidissement. Ceci pour libérer les tensions dans l’acier, provoquées par le forgeage de la lame.
- Réalisation de l’émouture à la ponceuse à bande en laissant 1.5mm au tranchant afin de ne pas le brûler lors de la trempe et également un brut de forge sur le haut de la lame pour l’esthétisme.
-Trois nouvelles normalisations à l’huile chaude et à l’air avant la trempe.
-Trempe sélective de la lame à 800° et à l’huile chaude.
-La lame est ensuite placée quelques heures au congélateur à -30° pour transformer au maximum l’austénite en martensite.
-Après trempe, la lame étant très dure mais également très cassante, il est nécessaire de lui faire subir plusieurs revenus au four. Dans le cas de cette longue lame destinée à être utilisée dans des conditions difficiles, les revenus devaient être assez élevés : 210°, 250° et 230°pendant 75mn chaque afin de donner plus de résilience à la lame.
-Emouture définitive à la ponceuse grain 80 et 240 puis papier de verre à la main aux grains 80, 120, 320, 500, 800, 1000 et 1200 et passage à la frotte coton avec pâte à polir.
-Façonnage de la garde dans un morceau de fer et catalyse pendant une nuit afin de faire disparaître la rouille. Perçage et ajustage sur la soie.
-Découpe des morceaux de cuir dans un cuir pleine fleur à tannage végétal. Perçage de chaque morceau pour pouvoir les ajuster sur la soie.
-Découpe, perçage et ajustage d’un morceau de bois de cerf pour le manche.
-Façonnage d’un oeillet d’acier destiné au rivetage de la soie.
-Mise en place de la garde en la rentrant en force sur la soie.
-Encollage de chaque morceau de cuir à la colle époxy bi-composant et mise en place sur la soie.
-Mise en place du bois de cerf, rempli de colle et rentré en force sur la soie.
-Mise en place de l'oeillet d’acier puis matage de la soie avec un marteau boule.
Perçage à travers la soie de l’emplacement du rivet transversal puis mise en place du rivet et matage.
-Après 15 heures de séchage : façonnage du manche puis ponçage au papier de verre, teinture du cuir puis polissage à la frotte.
-Perçage du bois de cerf pour le passage éventuel d’une lanière.
-Finitions et affûtage définitif.
Petit couteau.
Lame de 87mm, épaisseur 3.4mm, longueur totale 167mm, poids 79gr. Plaquettes en bois de renne. Destiné à être utilisé en complément du grand couteau de camp pour les travaux demandant plus de finesse et de précision.
Réalisation :
-forge de la lame et de sa plate semelle à la forge à gaz à partir d’une barre d’acier 100C6 de coutellerie
- trois normalisations pour affiner le grain de l’acier : chauffe jusqu’à température de trempe (rouge orange) à la forge puis trempage d’une seconde dans l’huile chaude (60°) et refroidissement de la lame en la balançant à l’air jusqu’au retour au noir.
-Recuit d’adoucissement d’une nuit en plaçant la lame dans la forge lors de son refroidissement. Ceci pour libérer les tensions dans l’acier, provoquées par le forgeage de la lame.
- Réalisation de l’émouture à la ponceuse à bande en laissant 1 mm au tranchant afin de ne pas le brûler lors de la trempe.
-Trois nouvelles normalisations à l’huile chaude et à l’air avant la trempe.
-Trempe sélective de la lame à 850° et à l’huile chaude.
-La lame est ensuite placée quelques heures au congélateur à -30° pour transformer au maximum l’austénite en martensite.
-Après trempe, la lame étant très dure mais également très cassante, il est nécessaire de lui faire subir plusieurs revenus au four. Dans le cas de cette petite lame en 100C6 : 235° deux fois pendant 90mn.
-Emouture définitive à la ponceuse grain 80 et 240 puis papier de verre à la main aux grains 80, 120, 320, 500, 800, 1000 et 1200 puis passage à la frotte coton avec pâte à polir.
-Façonnage des plaquettes du manche en bois de renne, perçage, ajustage, collage et polissage.
-Finitions et affûtage définitif.
Je l’ai équipé d’une lanière en cuir et d’une pointe de bois de chevreuil pour faciliter sa préhension et la sortie de l’étui.
Etui.
L’étui est réalisé en cuir de collet à tannage végétal. Les coutures sont réalisées à la main au point sellier. Le fil utilisé est du nylon poissé.
Perçage d’un orifice pour le passage éventuel d’une lanière à la pointe de l’étui.
Cinq teintes différentes ont été utilisées pour sa teinture : Havane, Cognac, brun claire, brun sombre et noir.
Pour terminer, l’étui a été graissé à la crème nutritive pour sellerie de marque Sapo puis lustré après une nuit de séchage.
N'ayant jamais eu l'occasion de pratiquer avec ce type de matos et ayant quelques milliers d'ha de forêt à ma disposition, je me suis offert une heure de tests divers et variés sur différents végétaux causant du désordre dans la nature.
Le premier mot qui me vient à l'esprit : ludique. Ok un couteau de camp ça a de la gueule et c'est marrant à utiliser en forêt.
La main à tendance à glisser vers l'arrière du manche pendant les frappes mais le retour en cerf joue bien son rôle. Des gants avec un bon grip limitent le phénomène.
Autre observation :
J'avais descendu mon émouture à 0.5mm puis avais terminé au backstand par un tranchant en ogive en le remontant un peu, ce qui me paraissait pas trop mal.
Mais conditionné par plus de trente ans d'utilisation de serpes italienne qui elles, possèdent une épaisseur moindre, une lame plus large donc une géométrie beaucoup plus aiguë, je me suis fait surprendre deux ou trois fois en attaquant mes coupes à la volée par un angle trop penché et donc un ricochet sur le bois. Une fois que le coup est pris ça n'arrive plus mais il faut tout de même que je reprenne légèrement mon tranchant en le remontant encore un peu.
C'est sûr que la hache Gransfors le surclasse pour les coupes de rondin mais on ne parle pas de la même chose non plus. Plus lourde, plus longue, moins polyvalente...